Dans la prévoyance professionnelle, la réassurance est appliquée de façon différenciée selon les caisses de pensions, si bien que l’offre se présente sous diverses formes. Tous les risques spécifiques au 2e pilier, tels que décès, invalidité, longévité, et le risque d’investissement sont couverts. Mais dans la pratique la tâche des réassureurs se concentre en majeure partie sur le risque d’invalidité. Les responsables de la prévoyance professionnelle paient chaque année des rentes d’invalidité de 2 milliards de francs en complément de l’assurance invalidité publique. Selon une étude de la Haute Ecole des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), les trois quarts des petites caisses de pensions cèdent leurs risques biométriques à un réassureur. Pour les institutions de prévoyance de taille moyenne, avec un capital retraite de 100 à 500 millions, c’est moins de la moitié. Et les grandes caisses assument en majorité ces risques toutes seules. De façon générale, la demande de réassurance n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Cela tient aussi au fait que l’on accorde un poids de plus en plus grand à la gestion du risque et au « derisking ».

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Contrôler les contrats

La concurrence accrue sur le marché de la réassurance influence la tarification. Lors d’une souscription du VZ Vermögenszentrum pour une réassurance complète des risques d’invalidité et de décès, on a vu pour les primes des différences marquées, jusqu’à 60%. Pour le conseil de fondation, un contrôle régulier de la compétitivité des contrats d’assurances s’impose. Normalement, les contrats sont établis pour deux ou trois ans. Il s’agit donc de démarrer à temps la procédure de souscription et de résilier la police en cours dans les délais. 

Lors du choix d’un réassureur, ce n’est toutefois pas le taux de primes le plus avantageux qui est forcément le meilleur. Il s’agit de vérifier si le nouvel assureur exige un examen de santé pour les assurés existants et ceux à venir. En plus du niveau de la prime, il faut aussi tenir compte de possibles prolongations de couverture pour des cas d’assurance pas encore réglés et du report des rentes en cours. Lors de la conclusion de réassurances pour décès et invalidité, la loi des grands nombres joue un rôle essentiel. A l’aide de pools de risque, où se retrouvent plusieurs institutions de prévoyance, les primes peuvent être maintenues d’autant plus bas.

Modification des tableaux cliniques

Depuis qu’a éclaté la pandémie, les connaisseurs de la branche observent une augmentation des cas de maladies psychiques. Le double fardeau du télétravail et de la crainte de perdre son emploi en sont jugés responsables. En plus, on constate en général une pression accrue sur la performance. Tout cela a modifié les tableaux cliniques. Il y a vingt ans, seul un tiers incombait aux maladies psychiques, désormais à peu près la moitié des nouvelles rentes pour maladie sont dues à une cause psychique. Pour les caisses de pensions, il y a là une important « case management » à gérer pour amortir les coûts. « Si les mesures adéquates était prises aussi vite que possible, le potentiel de dommage diminuerait », commente Hanspeter Tobler, CEO de PK Rück.

Potentiel d’intervention élevé

Dans le 2e pilier, on admet de plus en plus que le « case management » et la prévention sont décisifs pour éviter les cas d’invalidité. A l’aide d’un accompagnement actif, une grande majorité des assurés peut être réintégrée dans le monde du travail. La condition : l’étroite coopération entre employeurs, assurés, offices AI et médecins. Les mesures de soutien visant la réintégration professionnelle sont rentables tant du point de vue économique que social. Restent cependant controversés les cas où une caisse de pensions peut contrôler l’état de santé de ses assurés et, le cas échéant, exiger une prime de risque. C’est une possibilité dans la partie surobligatoire de la prévoyance professionnelle, où des réserves pour raison de santé sont permises pendant cinq ans. Dans de tels cas, une prime additionnelle peut permettre une protection d’assurance complète.

Beaucoup de réassureurs ont mis en place des centres de compétences qui proposent de multiples prestations pour éviter ou atténuer les cas d’invalidité. Dans ce domaine, les experts discernent encore une forte marge de progression. Ils suggèrent une intervention précoce, non seulement au niveau de la prévention mais aussi au niveau du système d’annonce. Plus une incapacité de travail est annoncée tardivement, plus les chances d’une réintégration réussie sont faibles.