Les placements des capitaux ont continué à réaliser de bonnes performances en 2024. Dans le détail, la performance nette moyenne réalisée en 2024 a été de 7,4% pour les institutions de prévoyance sans garantie étatique et sans solution d'assurance complète, et de 7,2% (5,2% en 2023) pour les institutions de prévoyance avec garantie étatique.
Les taux de couverture, un indicateur de la confiance et de la stabilité financière des caisses, ont grimpé, pour atteindre en moyenne 114,7% à fin 2024 (contre 110,3% en 2023). Seules 0,8% des institutions de prévoyance étaient en découvert à la fin de l'année (contre 7% en 2023). En outre, environ 84% des caisses (50% en 2023) détenaient à la fin de l'année des réserves de fluctuation de valeur correspondant au moins à 50% de leur valeur cible.
Aussi pour les assurés
Les assurés actifs profitent également de cette situation favorable, a précisé Fabrizio Ammirati, vice-président de la commission de haute surveillance, lors d'une conférence de presse mardi à Berne.
En moyenne, la rémunération des capitaux de prévoyance des assurés actifs a nettement augmenté, passant de 2,31% à 3,76% pour les institutions de prévoyance sans garantie étatique, et de 1,57% à 2,93% pour celles avec garantie publique.
En comparaison, le renchérissement en Suisse, calculé sur la base de l'indice des prix à la consommation de l'Office fédéral de la statistique, était de 1,1% en 2024 (contre 2,1% en 2023), rappelle la CHS PP. Une grande partie des capitaux de prévoyance ont été rémunérés à un taux dépassant le taux minimal LPP de 1,25%.
Prudence et résilience
Les caisses doivent toutefois agir avec prudence, au vu des turbulences sur les marchés et des incertitudes géopolitiques. Ces dernières pourraient provoquer des pertes pour les caisses en 2025, avertit la CHS PP.
Si 2025 devait se solder par un résultat négatif, les institutions de prévoyance feraient usage de leurs réserves de fluctuation de valeur, une situation qui s'est déjà présentée par le passé, a expliqué M. Ammirati. Néanmoins, les caisses devraient dans l'ensemble pouvoir faire face aux turbulences actuelles grâce aux stratégies de placements diversifiés à long terme.
Test de résistance
La CHS PP a procédé à un test de résistance des placements, simulant un scénario de marché négatif provoquant des pertes considérables. Les résultats montrent qu'un grand nombre de caisses avaient conservé un taux de couverture supérieur à 100%; 57,4% des institutions se trouvaient en découvert, mais la majorité serait en mesure de se redresser elles-mêmes par des mesures d'assainissement.
L'analyse a mis en lumière l'existence d'un petit nombre d'institutions qui présentent un taux de couverture inférieure à la moyenne et qui comptent une proportion élevée de bénéficiaires de rente. Ces dernières devraient réviser leur stratégie de placement, selon la CHS PP. Elles ne représentent toutefois pas un risque pour le système de prévoyance dans son ensemble.
Besoin de réformes
L'année 2024 a aussi été marquée par les débats nourris en Suisse sur la LPP, et le rejet de la réforme du deuxième pilier en votation populaire. La majorité des caisses et des assurés s'en sortent bien, même sans réformes. Des révisions législatives sont toutefois toujours nécessaires, a relevé la présidente de la CHS PP, Vera Kupper Staub.
Le domaine de la surveillance a notamment besoin d'être modernisé. Il devrait davantage être axé sur les risques, afin d'identifier rapidement les dangers, a ajouté Laetitia Raboud, directrice de la commission. Une modification de la LPP en ce sens est nécessaire. D'autres systèmes de surveillance ont déjà fait le pas, comme ceux des marchés financiers ou de l'assurance maladie.
La CHS PP a encore identifié d'autres défis, comme les procédures judiciaires très longues, les organes de révision des comptes annuels des caisses ou les mécanismes visant à éviter les conflits d'intérêts. Sur ce dernier point, la commission a élaboré des nouvelles directives, afin d'empêcher que des caisses ne soient instrumentalisées à des fins personnelles. (awp/hzi/ps)