En autorisant le premier fonds en cryptomonnaie sur notre territoire à fin septembre de l’an dernier, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a ouvert pour les Suisses la voie vers une prévoyance professionnelle en monnaie numérique. C’est alors le petit acteur de la 3a Finpension qui a proposé la première offre. Peu après que la Finma eut autorisé le Crypto Market Index Fund du gestionnaire de fortune Crypto Finance, spécialiste des cryptomonnaies domicilié à Zurich mais dont la majorité appartient à Deutsche Börse, le petit gérant de fortune Finpension a fait savoir qu’il permettait désormais à ses clients 3a d’investir une partie de leurs avoirs 3a en cryptomonnaies. « Nos clients peuvent investir au maximum 5% de leur pilier 3a dans le crypto-fonds », explique Philipp Zumbühl, chef de projet chez Finpension. Le fonds sert aux fondations Finpension de second placement alternatif, en plus de l’or, et a attiré environ 3% des avoirs 3a depuis son lancement début décembre, soit autant que ce qui a été investi en or. « Ce crypto-fonds a très vite été à niveau, de sorte que nous pensons qu’à long terme il dépassera les investissements en or. »

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Les cryptomonnaies sont aujourd’hui acceptées en tant que nouvelle catégorie d’actifs alternative. C’est ainsi que Reto Ringger, CEO de Globalance Bank, se montre convaincu lors de son entretien avec notre collègue de HZ Insurance Michaela Geiger, que « les cryptomonnaies subsisteront et peuvent gagner du sens pour diversifier un dépôt à un horizon de placement à très long terme ». Ce long horizon de placement est censé aplanir la volatilité inhérente à toute nouvelle classe d’actifs, professe la théorie qui, à vrai dire, ne se fonde que sur les dix années d’expérience acquise depuis l’apparition des cryptomonnaies. « C’est un marché jeune où de fortes fluctuations, comme ces dernières semaines, sont parfaitement normales. Avec le long horizon de placement que l’on a dans la prévoyance professionnelle, on devrait pouvoir demeurer serein », estime Bernadette Leuzinger, CEO de l’Asset Management chez Crypto Finance.

Avec le Crypto Market Index Fund, les gérants de fortune ont ainsi à disposition un véhicule défensif et très maniable. « Côté clients, l’intérêt est très grand. Nous sommes en discussion avec divers autres investisseurs institutionnels », révèle encore Bernadette Leuzinger. Il faut donc s’attendre à ce que d’autres institutionnels accueillent le Crypto Market Index Fund dans leur portefeuille et l’offrent à leur client final. Ce dernier devra accepter le détour par des intermédiaires, car le client final n’est pas habilité à investir directement son argent dans le fonds du fait que la Finma a classé ce véhicule dans la catégorie « autres fonds pour investissements alternatifs », où la vente n’est autorisée qu’aux investisseurs « qualifiés ». 

En soi, le Fonds investit d’une manière peu spectaculaire dans des cryptomonnaies établies avec une liquidité et une capitalisation de marché suffisantes. La liquidité doit être de plus d’un milliard de dollars sur trente jours avec une liquidité quotidienne d’au moins 5 millions de dollars. Sont notamment exclus les Stablecoins, les dérivés et les jetons numériques qui exigent l’anonymat. On ne s’étonnera pas d’apprendre que la position la plus forte dans le fonds est occupée par le bitcoin (58,7%), suivi de l’ethereum (26,5%). Arrivent ensuite les petits apports de huit autres monnaies numériques, représentées dans l’indice à hauteur de 0,6 jusqu’à 3,3%. L’indice a été développé depuis 2017 par le prestataire Crypto Finance en collaboration avec la Bourse suisse SIX qui le gère aujourd’hui. Les coûts du fonds se montent à 1,6% de frais de gestion et 1,5% de taxe de souscription.