La manifestation non autorisée en faveur de la Palestine qui s'est déroulée samedi à Berne a fait 18 blessés au sein des forces de l'ordre. Plus de 500 personnes ont été contrôlées dans le cadre de ce rassemblement qui a dégénéré. Certaines d'entre elles risquent des poursuites judiciaires.
Seize policiers et deux policières ont été blessés lors de l'intervention, ont annoncé dimanche les représentants de la police devant les médias. Quatre des blessés ont dû subir un examen médical, mais ont depuis pu quitter l'hôpital. Selon la police, ils ont notamment souffert de contusions, d'écorchures et de lacérations.
Le commandant adjoint de la police cantonale bernoise, Stefan Lanzrein, a parlé d'une «violence impressionnante et inquiétante». Les manifestants ont tenté à plusieurs reprises de franchir les barrages policiers. Les forces de l'ordre ont été attaquées avec du matériel de chantier, du mobilier, des pierres, des bouteilles, des extincteurs, des engins pyrotechniques et des lasers.
La police a riposté en utilisant des lances à eau, du gaz lacrymogène, des balles en caoutchouc et des matraques contre les manifestants. À ce jour, elle a connaissance de deux civils qui ont dû recevoir des soins médicaux.
Via un communiqué dimanche, la Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP), a indiqué condamner «avec la plus grande fermeté» les violences survenues à Berne. La FSFP a également exprimé sa plus grande inquiétude face à cette situation et appelé à une réponse judiciaire ferme. «De tels actes ne doivent pas rester impunis.»
Importants dégâts matériels
Les dégâts matériels causés s'élèveraient à «plusieurs millions de francs», selon les informations données par les autorités. Au moins 57 bâtiments, neuf véhicules de police et divers équipements d'intervention ont été endommagés. Les manifestants ont notamment allumé un feu en incendiant le contenu d'une benne à ordures. Des traces de suie étaient visibles sur la façade du restaurant voisin.
Les traces des affrontements étaient d'ailleurs visibles partout dans le centre-ville de Berne dimanche, au lendemain de la manifestation, en particulier sur les bâtiments bancaires de la Bundesplatz et dans les ruelles adjacentes. Les sols et les façades, par exemple, étaient recouverts de peinture rouge et de slogans tagués alors que les vitres des fenêtres étaient brisées.
Coûts répercutés
Les responsables de la police ne se sont pas encore exprimés sur les coûts de l'intervention. Il est clair que le déploiement de forces de police près de la gare et dans toute la partie supérieure de la vieille ville a été massif. Des corps de police de nombreux cantons ont notamment été mobilisés.
Une possibilité serait de répercuter les coûts sur les participants violents à la manifestation, a déclaré Alec von Graffenried, directeur de la sécurité de la ville de Berne. Cependant, comme une telle mesure nécessite une évaluation pénale, ces investigations pourraient prendre plusieurs années. Dans le passé, des coûts avaient été répercutés à la suite d'une manifestation contre les mesures anti-coronavirus qui avait dégénéré.
«Bande de voyous»
M. von Graffenried a condamné «avec la plus grande fermeté» la violence et a clairement exprimé sa position. La manifestation n'avait rien à voir avec l'expression d'une opinion, a-t-il déclaré. Il a qualifié le groupe cagoulé en tête de la manifestation d'«extrémistes violents» et de «bande de voyous».
«Le traitement politique de cette affaire va nous occuper encore longtemps», a déclaré Alec von Graffenried. Mais pour l'instant, il s'agit avant tout de «ramasser les morceaux».
L'enquête pénale est en cours. Au total, 536 personnes ont été contrôlées dans les locaux de la police et renvoyées. Une personne arrêtée était recherchée pour détention, toutes les autres ont pu quitter les locaux de la police dans un premier temps. Des délits tels que dommages matériels, violation de domicile, coups et blessures et incendie criminel sont à l'étude.
Les manifestants qui ont été contrôlés viennent essentiellement de Berne, des cantons de Vaud, Genève, Zurich, Fribourg et des deux Bâle.
Tensions autour la Place fédérale
Plus de 5000 manifestants avaient défilé de la Place de la gare à la Place fédérale, puis étaient revenus sur leurs pas. Après leur arrivée à la Place fédérale, la police a fait savoir qu'elle ne tolérerait pas la poursuite de la manifestation. Les manifestants ayant ignoré à plusieurs reprises cette consigne, les forces de l'ordre ont encerclé la tête du cortège.
Pendant ce temps, plusieurs centaines de personnes ont poursuivi la manifestation sur la place de la gare, où d'autres affrontements avec la police ont eu lieu. Si le déroulement avait été plus pacifique, les participants à la manifestation auraient été autorisés à rester sur la Place fédérale, ont fait savoir les autorités dimanche.
Malgré un appel public de la ville de Berne, aucune demande d'autorisation n'avait été déposée pour le rassemblement. Des groupes propalestiniens et autonomes de gauche avaient appelé à y participer. (awp/hzi/ps)