Les annonces de soutien sont arrivées à partir de mercredi soir, malgré les tentatives de la direction de rassurer sur la santé financière du groupe zurichois. Face à une pression internationale grandissante, la BNS et l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) ont assuré la banque de leur soutien. "Le Credit Suisse satisfait aux exigences en matière de capital et de liquidités imposées aux banques d'importance systémique. En cas de besoin, la BNS mettra des liquidités à la disposition du Credit Suisse", ont déclaré les deux institutions dans un communiqué commun.

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Et dans la nuit de mercredi à jeudi, Credit Suisse s'est résolu à accepter ce soutien. La banque a en effet indiqué qu'elle allait emprunter jusqu'à 50 milliards de francs à la BNS pour se "renforcer". L'établissement a parallèlement annoncé une série d'opérations de rachat de dette pour environ 3 milliards de francs.

La banque en difficultés "entreprend une action décisive pour renforcer à titre préventif ses liquidités", a-t-elle précisé dans un communiqué. Ces fonds supplémentaires vont renforcer le coeur de métier du groupe et l'activité avec la clientèle.

L'établissement, qui s'est retrouvé en pleine tempête boursière la veille, a indiqué qu'en utilisant 39 milliards de francs de cet emprunt, il sera en mesure de renforcer davantage, "avec effet immédiat", son ratio de liquidités.

Concernant les opérations de rachat de dette, Credit Suisse a détaillé avoir fait une offre en numéraire pour dix titres de dette en dollars pour un montant total maximum de 2,5 milliards de dollars, ainsi que sur quatre obligations en euros pour un montant maximum de 500 millions d'euros.

Pour le directeur général du numéro deux bancaire helvétique, Ulrich Körner, "ces mesures démontrent les actions décisives entreprises pour renforcer Credit Suisse", saluant au passage le soutien de la BNS et du régulateur Finma.

Le groupe bancaire zurichois, classé d'importance systémique par les autorités helvétiques, affichait à la fin de l'année dernière un ratio de fonds propres durs (Tiers 1) de 14,1%, contre 12,6% fin septembre. Le ratio d'endettement (CET1) était lui à 5,4%, en hausse par rapport aux 4,1% de fin septembre. Celui mesurant le niveau des liquidités atteint actuellement environ 150%.

Le Conseil fédéral se réunit

L'action Credit Suisse a lourdement chuté mercredi, dans un marché alimenté par les craintes pour le secteur bancaire. Le principal actionnaire du groupe bancaire zurichois, Saudi National Bank (SNB), a encore jeté de l'huile sur le feu en excluant tout nouveau soutien financier. A la clôture de la Bourse suisse, le titre s'est enfoncé de 24,2% à 1,697 franc, après un nouveau plus bas historique à 1,55 franc. Jeudi matin, le titre rebondissait vivement, s'envolant de 26,2% à 2,141 francs.

Face aux turbulences sur les marchés financiers, la Première ministre française Elisabeth Borne avait demandé mercredi aux autorités suisses de régler les problèmes de l'établissement de la Paradeplatz. "Ce sujet est du ressort des autorités suisses. Il doit être réglé par elles", avait-elle affirmé devant le Sénat.

Aux Etats-Unis, le département du Trésor avait indiqué être en lien avec ses homologues des autres pays concernant Credit Suisse et surveiller la situation. En Suisse, le Conseil fédéral tient ce jeudi une séance spéciale à propos de la situation de la banque aux deux voiles.

Si les analystes applaudissaient l'aide immédiate apportée par la BNS, certains étaient néanmoins sceptiques sur la suite. De nombreux investisseurs "craignent que les nouvelles autour de la grande banque Credit Suisse ne soient pas les dernières", a ainsi averti Jochen Stanzl de CMC Markets. "Le spectre d'une nouvelle faillite comme celle (de la banque d'affaires américaine) Lehman plane" sur les marchés, a-t-il ajouté.

Quant aux experts de DZ Bank, ils se disent "sceptiques quant à la réussite à long terme de la restructuration de la banque. En temps normal, la restructuration est déjà un travail titanesque, alors que survient maintenant, comme vent contraire, le scepticisme généralisé du marché envers les banques". (awp/hzi/ps)