A l'occasion de la publication de son rapport annuel sur la stabilité financière (GFSR), le Fonds monétaire international (FMI) a estimé que les failles existantes dans le secteur financier non bancaire pourraient se transmettre au système bancaire traditionnel avec le risque d'amplifier le choc en cas de crise.
Cet avertissement concerne notamment les fonds d'investissement, les assurances ou encore les fonds de pension, généralement moins régulés que les banques alors qu'ils représentent une part croissante des financements, notamment pour l'immobilier, le crédit privé et les cryptomonnaies.
Au total, ils détiennent près de la moitié des actifs dans le monde, pointe le FMI, et, tant aux Etats-Unis que dans la zone euro, les banques ont fortement augmenté leur exposition dans ces institutions financières non bancaires (IFNB).
Si, en cas de tensions, «les IFNB utilisent la totalité de leurs lignes de crédits accordées par les banques, près de 10% des banques américaines et 30% des banques européennes verraient leur ratio de capital chuter de plus de 100 points de base», a alerté dans un blog la directeur du département marché financier du FMI Tobias Adrian.
«Les pertes des banques et le déclin du capital augmentent fortement avec une hausse des risques parmi les IFNB, soulignant les vulnérabilités de ce secteur qui peuvent rapidement se transmettre au système bancaire en renforçant les chocs et en compliquant la gestion de la crise», a-t-il insisté.
Dans ces conditions, une supervision renforcée peut s'avérer nécessaire, en particulier en améliorant la connaissance des régulateurs sur l'interpénétration entre secteur financier bancaire et non bancaire et en s'assurant du niveau adéquat de liquidité de l'ensemble.
Une meilleure transparence de la part des IFNB pourrait également s'avérer essentielle pour mieux anticiper les risques de tensions qu'une chute soudaine pourraient provoquer.
Enfin, les tests réalisés par le Fonds soulignent «la nécessité de renforcer les réserves en capital et liquidité des banques en s'assurant de la mise en place effective des standards internationaux, en particulier Bâle III», a conseillé M. Tobias.
Une préconisation qui intervient alors que l'application de ces règles suscite toujours le débat aux Etats-Unis par exemple, où la majorité des banques n'y sont pas assujetties et alors que tant des membres du gouvernement de Donald Trump que de la Réserve fédérale appellent à un relâchement des contraintes concernant le niveau de réserve pour améliorer le financement des investissements, notamment dans l'intelligence artificielle (IA). (awp/hzi/ps)