Pour contourner le problème, des scientifiques de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) sont parvenus à équiper ces ciseaux d'une sorte de «cape d'invisibilité».
Avec ce nouvel outil, il est possible d'avoir des analyses plus fines, ce qui est essentiel pour trouver des points d'attaque dans les cellules cancéreuses et ouvrir ainsi la voie au développement de thérapies, explique l'EPFZ dans un communiqué publié jeudi.
Dans la recherche contre le cancer, la technologie des ciseaux génétiques permet de créer rapidement des centaines de cellules tumorales de souris qui ont la particularité d'avoir chacune un gène différent d'inactivé.
Les chercheurs peuvent ensuite étudier quels sont les gènes inactifs qui favorisent ou freinent l'apparition et la propagation du cancer. Le seul ennui de ces ciseaux est qu'ils sont fabriqués à partir de bactéries qui font réagir le système immunitaire de la souris test. Les analyses s'en trouvent du même coup tronquées.
Les scientifiques ont en effet constaté que les cellules cancéreuses modifiées grâce aux ciseaux génétiques avaient plus tendance, une fois implantées dans la souris, à être rejetées et combattues par le système immunitaire de l'animal.
Biais important
La réaction du système immunitaire entrave ainsi l'évolution normale du cancer chez l'animal. «Nous avons été surpris de voir à quels points les résultats ont été faussés», indique Massimo Saini, premier auteur de l'étude, cité dans le communiqué.
D'où la nécessité de mettre au point cette "cape d'invisibilité" permettant d'échapper aux radars du système immunitaire. Le nouvel habit furtif a déjà été utilisé par l'équipe du professeur de l'EPFZ Nicola Aceto et a donné des premiers résultats encourageants.
Il a ainsi été possible de démontrer, chez la souris, que la mise en sourdine de deux gènes appelés AMH et AMHR2 réduit drastiquement le nombre de métastases pour un cancer du sein.
Les données issues de patientes ont ensuite montré que la présence d'une quantité importante d'AMH dans une tumeur de cancer du sein était associée à une plus grande mortalité et à davantage de rechutes.
Les travaux menés à l'EPFZ sur ces ciseaux génétiques invisibles font l'objet d'un article dans la revue spécialisée «Cell». (awp/hzi/ps)
