La hausse moyenne des primes en 2024, la plus forte depuis 2010, est "une très mauvaise nouvelle pour les ménages", a dit le ministre de la santé Alain Berset mardi devant la presse à Berne. Il est possible de faire quelque chose, "mais à un moment il faut faire des lois".

Attention toutefois à ne pas déconstruire notre système de santé, qui est bon, a estimé le Fribourgeois, qui annonçait les coûts des primes pour la dernière fois: "Ce n'est pas un exercice qui va beaucoup me manquer", a-t-il lâché.

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"Tout le monde doit faire des efforts"

"Tout le monde doit faire des efforts" pour contenir les coûts: le Parlement, les assureurs, les médecins, les hôpitaux, les cantons, les citoyens aussi, qui doivent se demander si une visite chez le médecin est vraiment nécessaire.

L'an dernier, la hausse moyenne toutes tranches d'âge confondues était de +6,6%. Cette année, la prime moyenne des adultes augmente de 33,80 francs (+8,6%) à 426,70 francs et celle des jeunes adultes, de 23,80 francs (+8,6%) à 300,60 francs. La prime moyenne des enfants se voit ajouter 8 francs (+7,7%) par rapport à 2023 et s'élève à 111,80 francs, indique mardi l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Trois cantons affichent des hausses de plus de 10%, sans pour autant enregistrer les primes les plus élevées au final. Il s'agit du Tessin (+10,5%), de Zoug (+10,2%) et d'Argovie (+10,1%).

Les cantons latins connaissent les hausses parmi les plus élevées de Suisse avec plus de 9%. L'augmentation est de 9,9% dans le canton de Vaud (400,80 francs), de 9,8% à Neuchâtel (417,20 francs), de 9,6% à Fribourg (339,40 francs), et de 9,1% à Genève et dans le Jura (388,60 francs pour ce dernier). Le Valais est un peu mieux loti avec une hausse de 8,6% (334,50 francs), tout comme Berne, (+8,3%, 367 francs).

Genève : la prime la plus élevée

La palme de la prime la plus élevée revient à Genève avec 454, 40 francs, suivi de Bâle-Ville (451,10 francs) et du Tessin (430, 10 francs). Les Appenzellois de Rhodes-Intérieures sont les plus chanceux, avec une prime moyenne de 246,10 francs. Quelques cantons de Suisse centrale (NW, OW, UR, ZG) connaissent aussi des primes en dessous de 300 francs.

La hausse des coûts est, elle, due à des facteurs multiples: le vieillissement démographique, de nouveaux médicaments et traitements ainsi qu'une augmentation des prestations de santé, par exemple les prestations ambulatoires en milieu hospitalier ou en physiothérapie, avance l'OFSP.

Prix des médicaments

Le prix des médicaments est montré du doigt. L'an dernier, les médicaments représentaient 22% des coûts de l'assurance obligatoire des soins (AOS). En comparaison annuelle, les coûts liés aux médicaments grimpent plus fortement que les autres. L'augmentation la plus importante concerne les médicaments anticancéreux, les immunosuppresseurs et les antidiabétiques, qui sont à l'origine en 2023 de 50% de la hausse des coûts par assuré.

Le Conseil fédéral a transmis au Parlement deux volets de mesures visant à contenir les coûts dans le domaine de l'assurance-maladie, rappelle l'OFSP. Le Parlement discutera du deuxième volet déjà au cours de l'actuelle session parlementaire.

Réduction des réserves

De forts effets de rattrapage liés à la pandémie ont entraîné des coûts plus élevés, avec pour conséquence une perte liée aux activités d'assurance de 1,7 milliard de francs en 2022. A cela s'ajoutent des pertes sur placement de 1,8 milliard dues à une situation difficile sur les marchés des capitaux, ce qui correspond à un rendement négatif de -11%. Les pertes ont été entièrement compensées par les réserves.

L'OFSP n'est guère rassurant : il avance qu'en raison des progrès médico-techniques et de l'évolution démographique, les coûts de la santé continueront d'augmenter. Cette augmentation doit être limitée à un niveau médicalement justifiable, sans pour autant diminuer la qualité des soins, préconise-t-il. (awp/hzi/ps)