"Lorsque j'ai demandé à mon fils d'où provenaient les données sanitaires utilisées à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, il m'a répondu qu'elles n'étaient pas suisses mais israéliennes!" s'est exclamé Christoph Franz, fraîchement retraité de la présidence de Roche, en ouverture de la conférence annuelle du secteur à Berne.

L'Etat hébreux a en effet depuis longtemps su convertir ses administrés au partage d'informations sanitaires.

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Une question existentielle

"La toute première étape en 2011 fut de permettre aux services d'urgence d'accéder aux dossiers des patients admis, de manière tout simplement à leur sauver la vie", a expliqué à AWP Ronni Gamzu. Ce palier franchi, le système de santé du pays a pu commencer à travailler sur des dossiers de patients décentralisés.

"Le dossier électronique du patients en Suisse, tout le monde en parle depuis dix ans et rien n'a pourtant été accompli depuis", s'est désolé son camarade de tribune.

Christoph Franz espère néanmoins qu'un autre type d'urgence aura joué un rôle déclencheur dans l'acceptation de nouveaux outils et procédés numérisés en matière de santé. "La distanciation recommandée dès le début de la pandémie a eu pour effet de démocratiser les consultations vidéo, une pratique jusqu'alors pratiquement taboue", a observé celui qui trôna pendant près d'une décennie au faîte de l'organe de surveillance du géant pharmaceutique et du diagnostic rhénan.

Le rejet en votation début 2021 du projet d'identité numérique en Suisse tend toutefois à trahir une prudence solidement ancrée en matière de transfert de données personnelles.

"Nous devons convaincre les patients que les industriels de la santé ne sont pas intéressés par des informations sur des individus en particulier, mais par des mégadonnées, et qu'ils ne souhaitent transiger ni sur la qualité, ni sur la sécurité de ces données," a plaidé le jeune retraité de la grande pharma.

Complémentarité à exploiter

Inlassable héraut lui aussi de l'innovation numérique, M. Gamzu reconnaît volontiers que l'accès à la matière première que sont les données est essentiel, mais ne suffit pas. "Il est primordial d'encourager la nouveauté au sein même des centres de soins, en lui allouant l'espace ainsi que les ressources humaines et financières", a poursuivi le scientifique.

Celui qui fut aussi le Monsieur Covid-19 de son pays pendant la pandémie perçoit un potentiel non négligeable de collaboration entre la Suisse et Israël dans le domaine de la santé numérique. "Le génie financier et le souci de la finition helvétique, associé à l'esprit d'entreprise israélien, pourraient contribuer à améliorer sensiblement les standards actuels en matière de santé numérique" imagine M. Gamzu.

Des interactions plus poussées pourraient profiter des capacités de planifications des sociétés suisses, quand les partenaires israéliens joueraient le rôle de l'élément perturbateur indispensable à l'innovation.

La situation de la Suisse au coeur du Vieux continent et la proximité d'Israël avec les Etats-Unis faciliterait en outre l'accès des nouveaux produits aux deux principaux marchés mondiaux de la santé. (awp/hzi/ps)