«Toutes les hypothèses doivent rester sur la table», a répété vendredi à la presse à Genève le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il a de nouveau déploré que la Chine n'ait pas partagé toutes les informations demandées.

Selon la présidente du SAGO Marietje Venter, le marché de Wuhan «a joué un rôle significatif» et 60% des cas au début de la pandémie peuvent être liés à ce site. Le scénario d'un accident dans un laboratoire «n'a pu être investigué et ne peut être exclu», a encore ajouté la cheffe de ce groupe de 27 experts indépendants. Mais il reste «très spéculatif» en l'absence de preuves qui l'attestent, selon elle.

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De même, la propagation depuis des produits réfrigérés au marché de Wuhan ne peut être étayée scientifiquement. Tout comme la manipulation délibérée du virus en laboratoire et sa propagation à l'extérieur.

Les Etats-Unis ont accusé à plusieurs reprises la Chine d'être responsable de la pandémie en raison d'une fuite de laboratoire. Pendant son premier mandat, le président américain Donald Trump avait estimé que M. Tedros était proche de Pékin et avait entamé la procédure pour retirer son pays de l'organisation.

Chine ciblée par Washington

Si son successeur Joe Biden avait arrêté celle-ci au moment d'arriver à la Maison Blanche, le républicain a ensuite relancé ce retrait qui sera en vigueur en janvier prochain. Les accusations contre la Chine restent l'une des raisons qui l'expliquent.

L'OMS avait appelé à plusieurs reprises Pékin à partager ses agents pathogènes, sans succès. Une investigation internationale avait été menée en Chine, mais des reproches sur les conditions de celle-ci avaient aussi été lancés.

«La compréhension des origines du coronavirus et comment il a déclenché une pandémie est requise pour aider à empêcher de futures pandémies», insiste Mme Venter.

Désormais, l'accord historique contre les pandémies approuvé en mai par l'Assemblée mondiale de la santé doit permettre d'éviter ces blocages à l'avenir. Mais un groupe de travail devra encore négocier une annexe pour régler les modalités du nouveau système d'accès aux agents pathogènes et de partage des avantages (PABS), pensé précisément pour cette raison.

Après le rapport final du SAGO, dont les conclusions sont similaires à son évaluation intermédiaire d'il y a trois ans, «davantage de travail doit être mené», y compris en Chine et dans plusieurs pays, a admis la directrice provisoire des maladies émergentes auprès de l'OMS Maria Van Kerkhove. D'autant plus que ce mécanisme n'a pas été prévu seulement pour le coronavirus et "que de nouveaux pathogènes" vont être observés, insiste-t-elle également.

Le comité actuel, dont fait partie la Suissesse Kathrina Summermatter, est arrivé au terme de des travaux mais un nouveau groupe d'experts sera établi. Parmi les membres, un a démissionné récemment et trois ont demandé à ce que leur nom soit dissocié du rapport. Ce qui montre «sans surprise» qu'un consensus est difficile à atteindre parmi les scientifiques, a encore admis Mme Van Kerkhove qui ajoute aussi que les discussions à l'intérieur du comité sont confidentielles. (awp/hzi/ps)