Il s'agit de la sixième baisse consécutive. L'institut d'émission reste disposé à intervenir au besoin sur le marché des changes. L'abaissement du taux directeur vise à redynamiser quelque peu l'essoufflement de la pression inflationniste, passée au mois de mai en territoire négatif, de -0,1%, a expliqué en conférence de presse jeudi Martin Schlegel, président de la direction générale. La fourchette de renchérissement établie pour qualifier la stabilité des prix s'étend entre 0,0% et 2,0%.
«En abaissant aujourd'hui notre taux directeur à 0%, nous le fixons à la limite du territoire négatif», a souligné M. Schlegel. Rappelant que les taux négatifs ont constitué un instrument important de la politique monétaire helvétique de 2015 à 2022, le banquier central en chef a assuré avoir conscience des potentiels effets secondaires indésirables d'une telle mesure.
Inflation anecdotique
Depuis le dernier examen de la situation économique et monétaire en mars, l'inflation a poursuivi son recul, constate l'institut d'émission. De 0,3% en février, elle s'est inscrite à -0,1% en mai, reflet des baisses de prix pour les produits pétroliers et dans le secteur du tourisme.
Les banquiers fédéraux remanient au passage leur prévision d'inflation conditionnelle pour l'ensemble de l'année en cours, à 0,2% contre 0,4% au dernier pointage. Les estimations à plus long terme reste valables, à 0,5% pour 2026 et 0,7% pour 2027. Ces projections reposent sur l'hypothèse d'un taux directeur nul sur l'ensemble de la période couverte.
Le gardien de la stabilité des prix observe par ailleurs que si l'économie mondiale a poursuivi sa croissance modérée début 2025, les perspectives se sont assombries depuis du fait de tensions commerciales.
Confiante mais incertaine
Dans son scénario de base, la BNS anticipe ainsi un ralentissement de l'économie mondiale au cours des prochains trimestres. Alors que l'inflation devrait augmenter aux États-Unis, la pression inflationniste devrait continuer à se réduire de ce côté-ci de l'Atlantique. Reste que le scénario de la BNS souffre d'une grande incertitude, les barrières douanières pouvant encore augmenter et peser sur la conjoncture mondiale.
En Suisse, le produit intérieur brut (PIB) a fortement progressé au premier trimestre 2025, une hausse toutefois essentiellement limitée au fait que les exportations vers les États-Unis ont été avancées dans le temps en prévision de l'installation de barrières commerciales.
Corrigés de cet effet, les chiffres font état d'une croissance plus modérée et un tassement devrait intervenir avec au final un progression modeste du PIB durant le reste de l'année. La BNS continue ainsi de tabler sur une croissance comprise entre 1% et 1,5% pour 2025, comme pour 2026. Le chômage devrait encore légèrement augmenter. (awp/hzi/ps)