«Le monde est plus sûr aujourd'hui» après un «accord historique», a affirmé mardi le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus. L'arrangement est «un succès pour la santé publique, la science et le multilatéralisme», a-t-il insisté. Dès lundi, les voyants avaient été alors au vert avec une large approbation en commission de l'Assemblée mondiale de la santé, par 124 voix contre aucune opposition et 11 abstentions.
Petite déception alors pour M. Tedros, la Slovaquie du Premier ministre Robert Fico, proche du président américain Donald Trump, avait demandé un vote. Autre déconvenue, les Etats-Unis, qui vont se retirer de l'organisation en janvier prochain, n'auront pas participé aux dernières négociations après l'arrivée du républicain à la Maison Blanche. Mais désormais, seul le résultat reste.
La Suisse n'avait pas été avare en qualificatifs dès lundi. Un «moment historique» pour la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, «une étape majeure pour la gouvernance mondiale de la santé», affirme l'ambassadrice suisse en charge du dossier, Barbara Schedler Fischer.
Accord «clair» selon la Suisse
Après le blocage chinois d'indications sur le coronavirus et des délais dans les vaccins acheminés dans les pays en développement, l'objectif affiché dès 2022 était d'éviter que cette situation ne se répète à l'avenir. «L'accord est clair. On se doit d'avoir une équité», est persuadée Mme Baume-Schneider. La Suisse admet aussi avoir réussi à protéger l'innovation de ses entreprises.
Dans l'accord, les pays riches s'engagent à faciliter un transfert de technologies «de bon gré et dans des termes mutuellement convenus». Ce qui laisse une marge de manoeuvre importante aux entreprises pharmaceutiques, de qui inquiéter certaines ONG qui reconnaissent malgré tout des avancées avec ce texte.
L'OMS devra avoir accès rapidement à 20% de doses de nouveaux vaccins ou technologies contre les pandémies, dont 10% de dons et 10% à des tarifs abordables. Ce volume n'est pas suffisant, selon des ONG, pour garantir un approvisionnement adapté de tous les pays.
Nouvelles discussions tendues attendues
Après trois ans de négociations parfois ardues et un projet d'accord finalisé au forceps il y a quelques semaines, tout n'est pas encore réglé. Dans leur résolution, les membres de l'OMS ont lancé un nouveau groupe de travail pour établir une annexe sur les modalités du nouveau système d'accès aux agents pathogènes et de partage des avantages (PABS).
En partageant les indications de virus responsables de pandémies rapidement, les pays en développement, qui redoutent d'être pillés scientifiquement sans rémunération, recevraient équitablement des doses de vaccins ou d'autres contremesures au moment où ceux-ci seraient prêts.
Comme pendant les négociations sur l'accord lui-même, leurs divisions avec les pays riches devraient être observées. Selon M. Tedros, cette discussion pourrait prendre un an. Il faudra plutôt un an et demi à deux ans, estiment à la fois une source diplomatique européenne et la conseillère fédérale. Ensuite seulement, l'accord pourra être signé. Il entrera en vigueur un mois après avoir atteint 60 ratifications parmi les Etats. (awp/hzi/ps)