En 2024, les caisses de pension suisses ont certes réalisé des rendements impressionnants de 90 milliards de francs suisses sur les marchés financiers. Mais le rapport «3ème cotisant: une question de stratégie de placement» publié mercredi par l'AMAS montre que des opportunités de rendement sont manquées et comment le rôle du 3ème cotisant dans la LPP pourrait être renforcé.
Le rendement net des placements – le «3ème cotisant» – est essentiel pour le financement de la prévoyance professionnelle LPP. Depuis 2004, plus de 600 milliards de francs suisses provenant des revenus des marchés financiers ont été injectés dans les actifs de prévoyance. En 2024, ce montant s'élevait à 90 milliards de francs suisses, soit nettement plus que le budget total de la Confédération. Même si l'année 2024 a été globalement positive pour les investisseurs, les caisses de pension montrent clairement l'importance de la stratégie d'investissement pour le 3ème cotisant. «Le rendement ne tombe pas du ciel, il est le résultat d'une stratégie d'investissement mise en œuvre de manière cohérente», explique Adrian Schatzmann, directeur de l'Asset Management Association Switzerland (AMAS).
Ainsi, les caisses de pension ayant une allocation plus importante en actions et en placements alternatifs ont généralement obtenu de meilleurs rendements, comme le montre le rapport «3ème Cotisant: une question de stratégie d'investissement» publié mercredi par AMAS. Les performances globalement solides des caisses de pension s'accompagnent en outre de coûts plus faibles: la moyenne pondérée des frais de gestion de fortune s'établit à 0,41 % pour 2024, ce qui constitue un nouveau plus bas historique. Si l'accent mis sur les frais de gestion de fortune dans la LPP est une priorité absolue, des coûts bas ne garantissent pas en soi des rendements nets plus élevés. Une comparaison sur cinq ans montre que les 10 % des caisses de pension les plus performantes ont obtenu un rendement plus de deux fois supérieur à celui des 10 % les moins performantes, et ce pour des coûts supérieurs de seulement 27 points de base.
Le 3ème cotisant n'a donc pas fonctionné aussi bien partout et les rendements sont répartis de manière inégale: selon les données actuelles, les 10 % des caisses de pension les plus performantes ont réalisé un rendement de 10,8 % en 2024, tandis que les caisses les moins performantes n'ont atteint que 4,8 %. Les répercussions sur la rémunération des avoirs de vieillesse sont considérables, allant de 1,75 % à plus de 8 %. Si ces différences massives s'expliquent en partie par la capacité de risque variable des caisses de pension, de nombreuses caisses pourraient toutefois obtenir des résultats nettement meilleurs sans compromettre leur stabilité. Une étude publiée début 2025 par l'AMAS et le cabinet de conseil wtw a montré que les caisses de pension suisses n'exploitent en moyenne qu'environ 70 % de leur capacité de risque. «Cela signifie qu'il serait possible d'obtenir un rendement plus élevé, dans l'intérêt des assurés», explique Michel Bossong, expert senior en prévoyance à l'AMAS. «Un rendement supplémentaire de 1 % par an peut se traduire par plusieurs dizaines de milliers de francs de rente supplémentaire – ce n'est pas un détail, mais un élément essentiel pour le système.»
Au vu des données disponibles et des problèmes structurels de la prévoyance vieillesse, il convient de renforcer le rôle du 3ème cotisant – en combinant responsabilité, compétence et réglementation moderne:
- Mieux exploiter la capacité de risque: de nombreuses caisses de pension restent en deçà de leurs possibilités et passent à côté d'opportunités de rendement.
- Moderniser l'OPP 2: les directives de placement actuellement en vigueur pénalisent les formes d'investissement modernes et à forte croissance telles que le private equity.
- Soutenir les conseils de fondation: des stratégies d'investissement professionnelles et bien étayées réduisent non seulement le risque de responsabilité, mais augmentent également le rendement à long terme.
- L'AMAS appelle donc les responsables politiques, les autorités de surveillance et les conseils de fondation à traiter le 3ème cotisant comme ce qu'il est: un facteur stratégique clé pour la viabilité future du système de retraite suisse.
(AMAS/hzi/ps)