Le coût élevé des loyers et des primes d’assurance maladie, ainsi que la crainte de perdre son emploi, pèsent sur la confiance financière. Un adulte sur quatre s’attend cette année à une détérioration de sa situation par rapport à 2024. Telles sont les conclusions d’une enquête représentative de Comparis. En outre, près d’une personne sur trois en Suisse a du mal à couvrir toutes ses dépenses. «Les personnes à faible revenu et les femmes sont particulièrement touchées», déclare Michael Kuhn, expert Consumer Finance Comparis. Contrairement à l’année en cours, la confiance pour 2030 est nettement plus grande: près de la moitié des personnes interrogées s’attendent à une amélioration de la situation financière d’ici là. 

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Malgré la chaleur de l’été, les Suissesses et les Suisses s’attendent à une année glaciale en ce qui concerne leurs finances personnelles. 27 % des personnes interrogées tablent sur une dégradation de leur situation financière par rapport à 2024, soit une proportion équivalente à celle observée à la fin de l’année dernière. 6 % déclarent même que leur situation sera bien pire en 2025 que l’année précédente. Tels sont les résultats d’une enquête représentative du comparateur en ligne comparis.ch. D’autre part, près de 24 % des personnes interrogées s’attendent à une amélioration.  
 
«Les inquiétudes liées à la hausse des loyers, aux taux hypothécaires et aux primes d’assurance maladie élevées, ainsi qu’à la perte de son emploi ou de celui de son partenaire sont source d’incertitude financière», déclare Michael Kuhn, expert Consumer Finance Comparis. «À cela s’ajoutent les turbulences mondiales liées à la politique douanière erratique des États-Unis et à d’autres perturbations du commerce mondial qui pèsent sur le moral.» 

Les femmes nettement plus sceptiques que les hommes 

Les différences entre les sexes sont frappantes : alors que 29 % des hommes sont optimistes, seules 18 % des femmes partagent cet état d’esprit. En outre, 30 % des femmes craignent une détérioration de leur situation financière personnelle, contre seulement 23 % des hommes. 

«Les femmes sont plus prudentes que les hommes en matière de finances et observent de plus près l’évolution du pouvoir d’achat au quotidien. En outre, elles travaillent plus souvent à temps partiel, ont un revenu moyen plus faible et ressentent les turbulences économiques et le renchérissement plus rapidement et plus durement», déclare l’expert Comparis. Cela se reflète également dans le fait que 52 % des femmes déclarent avoir moins de pouvoir d’achat que l’année précédente (hommes : 41 %). 
Primes d’assurance maladie : une lourde charge financière 

Les primes d’assurance maladie restent une charge financière importante. Bien que le renchérissement perçu ait quelque peu diminué par rapport aux pics de 2024, le montant des primes représente un défi pour beaucoup. Près d’une personne interrogée sur six (16 %) éprouve régulièrement des difficultés à payer ses primes. Dans les ménages dont le revenu mensuel est inférieur ou égal à 4000 francs, 22 % déclarent rencontrer des difficultés à les payer. C’est presque autant que chez les personnes disposant d’un revenu compris entre 4000 et 8000 francs (20 %). «La perception similaire de la charge financière dans les deux groupes de revenus est probablement due au fait que le groupe de revenus le plus bas bénéficie de plus de réductions de primes que le groupe intermédiaire», explique Michael Kuhn. Parmi les personnes les mieux rémunérées (plus de 8000 francs), ce chiffre est nettement inférieur, à 9 %. 

«Les primes d’assurance maladie représentent une charge élevée de coûts fixes pour de nombreux ménages. Les personnes déclarant bénéficier de réductions de primes sont plus nombreuses qu’il y a un an. Toutefois, celles-ci n’allègent que partiellement la charge financière», déclare Michael Kuhn. 

Une personne sur trois en difficulté financière  

Cette morosité se reflète également dans les réponses données par les personnes interrogées à la question concernant la description de leur propre situation financière. Bien que 49 % des adultes déclarent avoir assez d’argent dans l’ensemble, mais devoir faire une croix sur certaines envies, près d’une personne sur quatre (24 %) déclare qu’elle doit compter chaque franc et se restreindre fortement pour pouvoir payer toutes ses factures. 6 % se plaignent même de ne pas arriver à joindre les deux bouts.  

«Près d’une personne sur trois en Suisse a du mal à faire face à toutes ses dépenses. Il existe un écart important en fonction de la formation, du revenu et du sexe», explique l’expert Comparis. Les attentes personnelles et les exigences jouent également un rôle important. «Les personnes qui vivent modestement peuvent avoir moins d’argent en poche, mais se trouver dans une meilleure situation financière que celles qui ont un revenu plus élevé, mais qui vivent au-dessus de leurs moyens.» 

Le groupe d’âge moyen et les personnes à faible revenu sont plus touchés 

Les 36-55 ans ressentent particulièrement la charge financière: 9 % d’entre eux déclarent que l’argent ne suffit pas. Chez les plus jeunes (18-35 ans), ce chiffre est de 4 % et chez les plus de 55 ans, de 3 %. «La génération intermédiaire est souvent confrontée à de multiples défis financiers, allant du financement de la vie de famille, comme l’achat d’un bien immobilier ou d’une voiture plus grande, à la prévoyance vieillesse. La hausse des coûts fixes a un impact particulièrement fort pour ce groupe», analyse Michael Kuhn. 

Le lien avec le revenu est encore plus évident. Dans les ménages dont le revenu brut est inférieur ou égal à 4000 francs par mois, 17 % déclarent que l’argent ne suffit pas. Pour les revenus supérieurs à 8000 francs, ce chiffre n’est que de 2 %. 

L’attrait de l’argent prétendument rapide 

Lorsque le porte-monnaie est un peu juste, il est de plus en plus courant de contracter un crédit privé ou d’emprunter de l’argent: pour 7 % des personnes interrogées, c’est une option. Ainsi, «contracter un crédit» passe pour la première fois devant «chercher un logement moins cher» et, pour la première fois depuis 2021, devant «négocier une augmentation de salaire». Avec 11 %, la souscription d’un crédit est une option valable, en particulier chez les 18-35 ans, contre 7 % des 36-65 ans et 2 % des personnes plus âgées. 
«Alors que certains jeunes adultes empruntent de l’argent pour financer une formation continue, par exemple, beaucoup vivent selon le principe du ‹ buy now, pay later ›. De plus, sur le marché immobilier tendu, la recherche d’un logement bon marché est tout aussi difficile que d’exiger un salaire plus élevé avec peu d’expérience professionnelle. À cela s’ajoutent des offres en ligne simples pour emprunter de l’argent et un manque partiel de conscience des conséquences financières», explique Michael Kuhn. 
Les économies sont réalisées sur les vêtements, l’électronique et les excursions 

Lorsque la marge de manœuvre financière diminue, les Suissesses et les Suisses sont les plus susceptibles de renoncer aux nouvelles technologies et à l’électronique (64 %), aux nouveaux vêtements et accessoires (61 %), ainsi qu’aux sorties et aux restaurants (57 %). Il est intéressant de noter que la volonté de négocier une augmentation de salaire diminue. Alors qu’en décembre 2024, 9 % des personnes interrogées déclaraient vouloir négocier une augmentation de salaire, elles ne sont plus que 6 % en juin 2025.  

«De manière générale, les Suissesses et les Suisses semblent de plus en plus éviter les risques en ce qui concerne leur emploi. Mieux vaut un emploi sûr que d’en changer ou de demander une augmentation de salaire», estime Michael Kuhn. «Quand il faut faire des économies, les schémas connus se manifestent : les femmes renoncent plus souvent aux achats spontanés, profitent des réductions et comparent les prix. Les hommes, en revanche, économisent sur la voiture.»  

En 2030, les portefeuilles devraient être mieux garnis

Les Suissesses et Suisses sont confiants lorsqu’ils se projettent dans cinq ans : 44 % estiment que leur situation financière sera meilleure, voire nettement meilleure, en 2030 qu’en 2025 (décembre 2024 : 43 %). 31 % pensent que les conditions resteront les mêmes, 25 % craignent que leur situation financière ne se dégrade, voire ne devienne bien pire. Les plus optimistes sont les 18-35 ans, qui, à 69 %, pensent que leur situation financière sera meilleure, voire nettement meilleure.    
 
«Le sentiment financier général en Suisse reste stable et optimiste», déclare Michael Kuhn. «Si l’actualité immédiate joue un rôle important dans la perspective de l’année prochaine, tout peut changer d’ici cinq ans. La majorité des Suissesses et Suisses part du principe que la situation évolue dans une direction positive, du moins d’un point de vue financier.» 

Protection du climat : la tendance va clairement à l’encontre d’un changement de comportement

La majorité des personnes interrogées ne modifient guère leurs décisions de consommation et financières en raison du débat sur le climat : 77 % des Suissesses et des Suisses ont répondu que ce dernier exerce «peu» ou «pas du tout» d’influence sur leurs décisions. Pour 31 %, les discussions sur le climat n’ont aucun effet sur leur comportement. Ces valeurs sont similaires à celles de 2024 et nettement plus élevées que dans toutes les enquêtes de décembre 2019 à décembre 2023 inclus.  
 
Parmi les personnes qui attestent que le débat sur le climat exerce au moins une faible influence sur leurs décisions de consommation et financières, 34 % déclarent acheter plus de produits régionaux qu’il y a un an et 22 % envisagent d’acheter une voiture électrique, ce qui représente une augmentation par rapport à 2023 et au début de 2024 (18 %). 
 
Michael Kuhn : «Une part croissante de la population semble accorder moins de priorité au changement climatique, l’ignorer ou vivre selon la devise : après moi, le déluge. La majorité modifie certains aspects de son comportement de consommation ou a au moins le sentiment de le faire. Mais rares sont celles et ceux qui veulent vraiment changer leur propre mode de vie.» (Comparis/hzi/ps)

Méthode

Enquête représentative réalisée en juin 2025 par l’institut de sondage et d’études de marché innofact pour le compte de comparis.ch auprès d’un échantillon de 1034 personnes issues de toutes les régions de Suisse.