La navigation hauturière suisse a traversé la crise avec brio. Les navires marchands parcourant les océans sous pavillon suisse ont également été touchés par la baisse dramatique des prix pour le transport de marchandises en haute mer. Tandis que la marine de commerce diminue dans de nombreux pays, les armateurs nationaux ont poursuivi leur croissance et disposent à ce jour de plus de navires en service qu'avant la crise.

La Reederei Zürich AG est l'une des six compagnies de navigation qui envoient des navires marchands dans le monde entier sous pavillon suisse. Au cours de la seule année écoulée, la société a mis en service deux nouveaux vraquiers secs. Selon les données de la compagnie, un autre navire est actuellement en construction et devrait être libéré de sa ligne de tins en 2015.

Selon l'Office suisse de la navigation maritime, qui est rattaché au Département fédéral des affaires étrangères, 39 navires – une partie de la marine marchande suisse – sillonnent actuellement les océans.  Depuis le début de la crise économique mondiale de 2008, le transport de marchandises en haute mer souffre de surcapacité, mais les compagnies de navigation suisses ont réussi à croître pendant cette période: il y a cinq ans, elles n'avaient que 32 navires en service.

Les navires de commerce suisses portaient des noms comme MCT Matterhorn, Silvretta ou Andermatt, et parcouraient le monde entier: l'océan Indien et la mer de Chine aussi bien que l'océan Atlantique. Plus des trois quarts de la flotte sont des vraquiers, mais plusieurs pétroliers et deux navires porte-conteneurs sont également en service.

À l’échelle mondiale, la flotte nationale est relativement petite. L'Allemagne, avec plus de 3800 navires, dispose d'une flotte cent fois plus grande. On estime à seulement 0,1 % du fret maritime mondial les transports par bateau effectués à partir de la Suisse. Pour un pays sans accès propre à la mer, la Suisse est bien représentée sur la haute mer: À l'échelle mondiale, la marine aux couleurs suisses, mesurée au nombre de navires, est à la 76ème place – juste derrière l'Australie et nettement devant des pays tels que l'Irlande, la Pologne ou Israël. C'est ce qui ressort des statistiques publiées par la CIA, les services secrets américains, dans le « World Factbook ».

Ainsi, seuls trois gros navires de commerce navigueraient en haute mer sous pavillon autrichien. C’est principalement pour des raisons historiques que la flotte suisse apparaît relativement bien dotée, au regard d'autres pays enclavés: pendant la Seconde Guerre mondiale, la sécurité de ravitaillement du pays étant en danger, le Conseil fédéral a fondé en 1941, par un acte législatif relevant du droit de nécessité, la flotte marchande suisse, qui transportait d'abord principalement de l'aide provenant de la Croix-Rouge britannique et américaine. Après la fin de la guerre, la Confédération a décidé de maintenir la flotte – mais a vendu les navires à des sociétés privées.

Même si les navires n'approvisionnaient plus exclusivement la Suisse depuis longtemps, mais parcouraient les itinéraires commerciaux du monde entier au gré des besoins, cette flotte a toujours conservé une importance nationale: les compagnies de navigation doivent s'engager en temps de crise à ne charger et livrer la cargaison que sur l'ordre du gouvernement suisse. En retour, la Confédération soutient les entreprises par l’octroi de garanties d'emprunt à hauteur de 1,1 milliard de francs.

Les Suisses ne sont pas présents sur les océans que sous leur propre drapeau: avec la Mediterranean Shipping Company (MSC) de Genève, le deuxième plus grand armateur de porte-conteneurs du monde a également son siège en Suisse. La société emploie environ 30'000 personnes et compte plus de 400 navires en service, qui opèrent sous les pavillons de pays comme le Panama ou le Libéria. L'entreprise avait été critiquée l'année dernière: en réponse aux rapports des médias, la société de transport avait admis avoir coulé le MSC Chitra, son navire accidenté, après une collision en mer – avec son chargement de pesticides à bord. La MSC ne disposait d'aucune autorisation pour cela.

La volonté politique suisse est de voir à l’avenir les océans beaucoup plus fortement protégés contre la pollution. En mars de cette année, le Conseil des États a voté après le Conseil national l'adhésion à quatre accords internationaux qui ont été présentés par l'Organisation maritime internationale. « Avec l'adhésion à ces accords, la Suisse veut démontrer son engagement envers l'environnement, et en particulier pour la protection de l'environnement marin », a déclaré le Conseil fédéral à l'automne de l'année dernière.

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